Passer au contenu principal

Un barbecue compliqué

Votre équipe enseignante veut mettre sur pied un événement festif pour la fin de l'année. Les professeurs proposent d’organiser un grand barbecue à l’extérieur, ouvert à tout le personnel. Vous coordonnez avec quelques un-es ce projet. Cependant, très vite, trois demandes apparaissent : certains souhaitent ne pas offrir de boissons alcoolisées pour diverses raisons - religieuses et médicales - (dont une personne alcoolique et abstinente depuis plusieurs années). D'autres ne souhaitent pas manger de viande et demandent que leur poisson soit cuit sur des grils séparés (végétariens et musulmans). D'aucuns prédisent que si ces préventions ne sont pas respectées, personne ne viendra.

Avis juridique

Il s'agit d'une demande occasionnelle d'adaptation de l'offre de la nourriture et de boissons à l'occasion d'une fête d'entreprise. C'est généralement au moment d'événements festifs dans l'entreprise que se renforce la cohésion entre les groupes de collègues. Par ailleurs, ces moments font partie intégrante du cadre et de la relation de travail proprement dite. Ils ne peuvent donc, au même titre que les cadeaux offerts aux travailleur-euse-s à des occasions diverses (anniversaires dans l’entreprise, Noël, ….) être à l'origine de discrimination directe ou indirecte à l'égard de certain-e-s travailleur-euse-s en raison de leur conviction.

Y a-t-il une obligation légale pour l'employeur à répondre à de telles demandes ? La réglementation anti-discrimination impose des aménagements raisonnables pour les personnes handicapées mais aucune obligation similaire n’existe pour la conviction religieuse. Néanmoins, le principe de la liberté de pensée, de conscience et de religion induit l’idée de diversité et de pluralisme et protège tant la foi intime d'une personne que les manifestations externes de cette foi traduites par des mots ou des actes. Ainsi, ne pas examiner une demande d' "aménagement raisonnable" concernant les convictions religieuses peut aboutir à une discrimination des travailleur-euse-s.
Il faut trouver un équilibre entre cette liberté des travailleur-euse-s et les intérêts de l'employeur.
Il n'y a pas de solution type mais quel que soit le contexte de l'entreprise, il s'agit de privilégier le principe de concertation, de négocier dans un cadre collectif afin de trouver des réponses qui apportent un bénéfice à tous-tes.

Avis au manager

Il appartient à l'employeur de réunir tous les moyens pour que l'ensemble des travailleur-euse-s soit intégré à la vie du groupe et ait le sentiment d'appartenir pleinement à ce groupe.
En l'espèce, il conviendrait de séparer les demandes et d’évaluer pour chacune d’entre elles la possibilité de les mettre en place tout en veillant aux besoins des autres collègues qui voudraient par exemple qu’il y ait des boissons alcoolisées. Ainsi, il serait disproportionné de ne pas servir du tout de boissons alcoolisées mais par contre, prévoir des boissons non alcoolisées en plus (jus, sodas, eau,…) permettrait de trouver un compromis. De même, on pourrait envisager de cuire les aliments sur deux barbecues séparés.

D'une manière générale, il faut pouvoir proposer une certaine diversité alimentaire, de façon à ce que chacun-e participe à la fête. Pourquoi ne pas prévoir d’installer plusieurs tables, sur lesquelles les produits proposés seraient séparés et identifiables par ceux-celles qui souhaitent les consommer ? Un comité de fêtes pourrait organiser le repas pour garantir que tou-te-s les travailleur-euse-s se mélangent et que chaque « communauté convictionnelle» ne se regroupe pas autour de « sa table ».

© Unia • Centre interfédéral pour l’égalité des chances • www.ediv.be