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Le local des prières

Vous êtes manager dans une entreprise commerciale. Plusieurs travailleur-euses de confession musulmane vous demandent d'investir un local pour y effectuer des prières quotidiennes pendant les pauses. Ils évoquent une amélioration de leur bien-être au travail. Certain-es pratiquent leur prière dans les vestiaires et vous savez que cette situation crée des tensions entre les collègues. Pouvez-vous refuser la demande de ces travailleur-euse-s?

Avis juridique

La question est de savoir s'il existe une obligation légale à répondre à une telle demande.

La réglementation anti-discrimination impose des aménagements raisonnables pour les personnes handicapées mais aucune obligation similaire n’existe pour la conviction religieuse.

Néanmoins, le principe de la liberté de pensée, de conscience et de religion induit l’idée de diversité et de pluralisme et protège tant la foi intime d'une personne que ses manifestations externes en mots ou en actes.

Ainsi, ne pas examiner une demande d' "ajustement concerté" concernant les convictions religieuses peut aboutir à une discrimination des travailleur-euse-s. Il faut trouver un équilibre entre cette liberté des travailleur-euse-s et les intérêts de l'employeur pour qui la charge de l'aménagement doit être proportionnée (impact sur l'organisation et la nature des fonctions, les risques de prosélytisme, etc.).

Il n'y a pas de solution type mais quel que soit le contexte de l'entreprise, il s'agit de privilégier le principe de concertation et de négocier dans un cadre collectif afin de trouver des réponses qui apportent un bénéfice à tous-tes.

Le concept du plus grand dénominateur commun

Les accommodements raisonnables / ajustements concertés


Avis au manager

En tant que manager d'une entreprise commerciale, vous vous dites sans doute que la dimension spirituelle ne fait pas partie du bien-être au travail. Par contre, cette dimension est gérée couramment dans le secteur de soins de santé (face aux souffrances, à la mort).
Nous conseillons toutefois la négociation. Souvent, la façon d’arriver à une solution est tout aussi importante que la solution elle-même. Si la question n'est pas débattue, vous risquez de gérer des rapports de forces nuisibles, des comportements de débrouille porteurs de frustrations, de tensions.

La négociation sur les pratiques religieuses

C’est pourquoi nous vous suggérons d’accueillir et d’envisager toute requête de ce genre afin de respecter le principe de la liberté individuelle (cultuelle ou pas) même si en tant qu'employeur, vous avez bien évidemment le pouvoir de trancher. Néanmoins, le manager doit prendre en compte la dynamique des groupes : un local des prières pourrait provoquer des tensions entre croyants et non croyants, des pressions entre pratiquants et non pratiquants. A cela s’ajoute des questions relatives à la gestion du temps, aux modalités de contrôle et, enfin, à l'équité face à d'autres demandes?

En revanche, l’instauration d’une salle de repos, d'un espace commun pour tous les salariés peut être un compromis équilibré. Chacun peut entrer dans cette salle pour une activité calme (méditation, lecture, …) et y faire ce qu’il veut. « Le calme » représente le dénominateur commun de toutes les activités des salariés venant dans cet espace. C'est une manière d'objectiver une demande fondée sur des motifs religieux pour permettre à l’ensemble des travailleur-euse-s de se l’approprier.


© Unia • Centre interfédéral pour l’égalité des chances • www.ediv.be